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Le Petit Poucet, chapitre 2

Le Petit Poucet sème des miettes de pain dans la forêt.

Écoute et lis.

Chapitre 2: Les cailloux et les miettes

Le Petit Poucet se leva de bon matin. Il alla au bord d’une rivière, où il emplit ses poches de petits cailloux blancs. Ensuite il revint à la maison.

La famille partit, et le Petit Poucet ne dit rien de tout ce qu’il savait à ses frères.

Ils allèrent dans une forêt grande et noire.

Le bûcheron se mit à couper du bois, et ses enfants à ramasser des branches.

Le père et la mère, les voyant occupés à travailler, s’éloignèrent d’eux petit à petit, et puis s’enfuirent tout à coup.

Lorsque les enfants virent qu’ils étaient seuls, ils se mirent à crier et à pleurer.

Le Petit Poucet les laissait crier, car il savait bien par où il reviendrait à la maison: en marchant, il avait laissé tomber le long du chemin les petits cailloux blancs qu’il avait dans ses poches.

Il dit à ses frères:

— N’ayez pas peur; nos parents nous ont laissés ici, mais je vous ramènerai à la maison: suivez-moi.

Ils le suivirent, et il les mena jusqu’à leur maison, par le chemin où étaient les petits cailloux blancs.

Les enfants se mirent tous contre la porte, pour écouter ce que disaient leur père et leur mère.

Quand le bûcheron et la bûcheronne étaient arrivés chez eux, le maître du village leur avait envoyé de l’argent qu’il leur devait depuis longtemps.

Cela les réconforta, car ils mouraient de faim. Le bûcheron envoya tout de suite sa femme à la boucherie. Comme il y avait longtemps qu’elle n’avait pas mangé, elle acheta trois fois plus de viande qu’il n’en fallait pour le dîner de deux personnes.

Lorsqu’ils eurent mangé, la bûcheronne dit:

— Hélas! Où sont maintenant nos pauvres enfants? Ils auraient pu manger la viande qui nous reste. Mais Guillaume, c’est toi qui as voulu les perdre: j’avais bien dit que nous le regretterions. Que font-ils maintenant dans cette forêt? Mon Dieu, les loups les ont peut-être déjà mangés! Tu es bien inhumain d’avoir perdu ainsi tes enfants!

Le bûcheron s’impatienta à la fin, car elle répéta plus de vingt fois qu’ils le regretteraient. Il la menaça de la battre si elle ne se taisait.

Le bûcheron était peut-être encore plus triste que sa femme, mais elle lui cassait les oreilles.

La bûcheronne n’arrêtait pas de pleurer:

— Hélas! Où sont maintenant mes enfants, mes pauvres enfants? Elle le dit une fois si haut que les enfants, qui étaient à la porte, se mirent à crier tous ensemble:

— Nous sommes là! Nous sommes là!

Elle courut vite leur ouvrir la porte, et leur dit en les embrassant:

— Que je suis heureuse de vous revoir, mes chers enfants! Vous êtes bien fatigués, et vous avez bien faim; et toi, Pierrot, comme te voilà sale, viens que je te nettoie.

Pierrot était le plus grand des enfants. Sa mère l’aimait plus que tous les autres, parce qu’il était un peu roux, et qu’elle était un peu rousse.

Les enfants se mirent à table, ils mangèrent et ils racontèrent la peur qu’ils avaient eue dans la forêt.

Le bûcheron et la bûcheronne étaient heureux de revoir leurs enfants avec eux, et cette joie dura aussi longtemps que leur argent dura.

Mais, lorsqu’il n’y eut plus d’argent, ils résolurent de perdre encore leurs enfants; et, pour ne pas rater leur coup, de les mener beaucoup plus loin que la première fois.

Le Petit Poucet les entendit parler de leur projet, et il pensa qu’il pourrait s’en sortir comme il avait déjà fait.

Le lendemain, il se leva de grand matin pour aller ramasser des petits cailloux à la rivière. Mais il ne put sortir, car la porte de la maison était fermée à clé.

Il ne savait que faire. Comme la bûcheronne leur avait donné à chacun un morceau de pain pour leur déjeuner, il pensa qu’il pourrait se servir de son pain au lieu des cailloux, en le jetant par miettes le long des chemins où ils passeraient.

Le père et la mère les menèrent au plus profond de la grande forêt noire, puis ils s’éloignèrent petit à petit, puis ils s’enfuirent tout à coup, laissant là leurs enfants.

Le Petit Poucet croyait qu’il retrouverait facilement son chemin, grâce au pain qu’il avait semé partout où il était passé, mais il fut bien surpris lorsqu’il ne put en retrouver une seule miette!

Des oiseaux étaient venus et avaient mangé tout le pain…

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