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L’homme qui rit, chapitre 2

Instruments de chirurgie

Écoute et lis.

Chapitre 2: Les comprachicos

Il y avait, aux dix-septième et dix-huitième siècles, une association d’hommes de tous pays, Anglais, Français, Allemands, Italiens, qui s’appelaient les comprachicos.

Comprachicos est un mot espagnol qui signifie «les achète-petits».

Ces hommes étaient nomades, comme les gitans. Ils faisaient le commerce des enfants. Ils achetaient des enfants, puis ils en faisaient des monstres, puis ils les revendaient.

Pourquoi des monstres? Pour rire. Pour amuser le peuple et les rois.

Les comprachicos déformaient les enfants. Un enfant droit, ce n’est pas bien amusant. Un bossu, c’est plus gai.

Ils les défiguraient aussi. Ils changeaient les visages en mufles.

C’était toute une science.

Non seulement les comprachicos enlevaient à l’enfant son visage, mais ils lui ôtaient sa mémoire.

L’enfant pouvait se souvenir qu’un jour il avait été saisi par des hommes, puis qu’il s’était endormi, et qu’ensuite on l’avait “guéri”. 

Guéri de quoi? Il l’ignorait. Il ne se rappelait rien.

Cette épouvantable chirurgie laissait trace sur sa face, non dans son esprit.

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